Paul Hazard, dans son étude lumineuse sur la Crise de Conscience européenne des années 1680 [publiée en 1935], mettait en évidence le rôle central des chronologistes dans l'ébranlement des certitudes culturelles induites par l'église catholique : de complexes calculs et quelques fructueuses comparaisons remettaient en question les plus de six mille ans écoulés depuis la Création.
Les logarithmes népériens furent inventés pour faciliter les calculs de la date de l'Apocalypse.
Et connaissez-vous l'histoire du calendrier grégorien ? En 1582, le décalage de l'équinoxe de printemps [21 mars], jour d'égale durée entre les jours et les nuits, s'était décaler d'une dizaine de jour. Ne pas prendre en compte une telle dérive menaçait de décalage toutes les fêtes religieuses et en premier lieu Pâques.
Pâques est fixée au premier dimanche après la 14e lune du Ier mois , d'où il résulte que Pâques ne peut être qu'après l'équinoxe. De l'adoption de cette règle, au concile de Nicée en 325, à l'an 1582, le décalage entre l'équinoxe civil (21 mars) et l'équinoxe céleste était de 10 jours.
Pour corriger cette anomalie, il fallait faire un choix pour compenser le retard [ en une fois ou en plusieurs années] et proposer un calendrier qui offrît une plus grande stabilité dans le temps. Alois Lilius eut une idée géniale : celle de retirer trois jours bissextile tous les quatre cents ans, ainsi les années séculaires ne seraient plus bissextiles, à l'exception d'une tous les quatre siècles : 1700, 1800 et 1900 furent des années de 365 jours , 2000 de 366.
Pour arriver à ce résultat, qui consomma nombre d'astronomes, Lilius se basa sur les mesures connues de la durée de l'an solaire naturel. Ptolomée avait indiqué qu'un an valait 365 jours 5 heures 55 minutes et 12 secondes; Albategne, sept siècles plus tard, proposait 365 jours 5 heures 46 minutes et 24 secondes. Copernic donnait une variation entre 365 jours 5 heures 55 minutes 57 secondes et 40 tiers et 365 jours 42 minutes 55 secondes et 7 tiers. Les tables alphonsines, réalisées sur ordre du roi d'Espagne en 1250, affichaient 365 jours 5 heures 49 minutes et 16 secondes. C'est-à-dire, approximativement le milieu de l'intervalle proposé par Copernic : ce fut la valeur des tables alphonsines qui fut retenue pour établir le nouveau calendrier.
Tout le monde sait que le retard fut rattrapé en une seule fois en octobre 1582 , par la succession du 15 octobre au 4 octobre, laissant les pays protestants avec la computation julienne avec un décalage qui aura tendance à s'accentuer dans le temps.
Visitez www.artisanmauran.com pour découvrir le livre de Pierre Dupont, prêtre toulousain, qui explique doctement tous ces subtils calculs.
留言